Rogue One est un "véritable orgasme", selon les fans de Star Wars
PAR PHILIPPE GUEDJ
Modifié le - Publié le | Le Point.fr
VIDÉO. Le film de Gareth Edwards recueille tous les suffrages au sortir des premières séances. Mais n'égalera sans doute pas Le Réveil de la Force au box-office.
Un déluge de critiques positives s'abat sur Rogue One :A Star Wars Story depuis sa présentation à la presse, le 12 décembre (notre critique est à retrouver ici). Et depuis la sortie du film en salle, c'est au tour des spectateurs de sortir étourdis par la maestria du formidable space opera de Gareth Edwards, comme l'atteste notre reportage vidéo. Les fans engagés, eux aussi, ne sont pas en reste.
L'avis de Jérémy Juanola, porte-parole de l'association Star Wars Universe, rejoint ceux qui sont généralement exprimés à la sortie des premières séances : « Il est nettement supérieur au Réveil de la Force. On est totalement pris dans l'histoire, on s'attache à ces individus que l'on découvre pour la première fois, ils ont tous un destin très émouvant, y compris le droïde K-2SO. Et le dernier acte du film est une apothéose de spectacle et d'émotion, avec ces combats spatiaux ahurissants… Pour un fan de Star Wars, ce film est un véritable orgasme ! On est sortis euphoriques. »
Association regroupant tous les sites de fans francophones, Star Wars Universe s'est alliée au multiplexe MK2 Bibliothèque, à Paris, pour mettre sur pied l'événement « Rogue One Standing By » : trois journées d'animations diverses, les 14, 17 et 18 décembre, pour célébrer la sortie du film. Au programme : débats sur l'univers Star Wars, photocall costumé, dédicaces ainsi qu'une reconstitution, au sous-sol du cinéma, du décor de la Cantina, le fameux bar à bébêtes malfamé de Tatooine dans L'Épisode IV. Ce samedi 17 décembre, une conférence aura même lieu en présence de cinq techniciens ayant directement travaillé sur la conception des créatures de Rogue One.
Pour les enfants ?

"Gareth Edwards prend le temps de nous montrer ces planètes magnifiques" © Lucasfilm
Soulagé du résultat du film, Jérémy Juanola estime qu'il mérite amplement tout ce ramdam : « Edwards a réussi le pari de rester dans l'univers Star Wars tout en y apportant plein de changements, du ton plus réaliste à l'absence de combats au sabre laser. Même la fin tranche par rapport aux longues séquences musicales sans paroles qui concluent traditionnellement tous les Star Wars. On découvre enfin de nouvelles planètes : Jedha, Eadu, Scarif… Avec des paysages plus variés que ceux du Réveil de la Force qui reprenait des environnements de sable et de glace trop familiers, un peu étriqués. Et comme George Lucas, Edwards prend le temps de nous montrer ces planètes magnifiques. »
Directeur général du Grand Rex à Paris et lui-même grand fan de la saga (il a pleuré devant la première bande-annonce du Réveil de la Force), Alexandre Hellmann salue dans Rogue One « une histoire avec de belles valeurs humaines, le retour à des maquettes pour les vaisseaux de l'Empire et un final extraordinaire ». Question régulièrement posée par des parents hésitants : Rogue One est-il pour les enfants ? « Il n'est pas forcément plus sombre que La Revanche des Sith et Le Réveil de la Force, qui reflètent comme lui l'ère plus violente que nous traversons », répond Juanola. « Mais il y a quand même dans Rogue One une façon plus brute de montrer la mort au combat et je ne suis pas certain qu'il soit approprié pour des enfants de moins de dix ans. »
« Rogue One est plus difficile à marketer que Le Réveil de la Force »
Les familles seront donc peut-être moins nombreuses à se presser en salle pour un film visant davantage les jeunes adultes que les préadolescents (pas de BB-8, presque pas de bébêtes, des héros inconnus qui meurent à la pelle…) Mais pour Alexandre Hellmann, d'autres facteurs expliquent le score probablement plus faible que fera Rogue One au box-office, comparé aux 10 millions d'entrées du Réveil de la Force en France : « Il est beaucoup plus dur à positionner en termes marketing et l'attente est moins forte que l'an passé. Ce n'est pas une suite ni le début d'une saga, il n'y a aucun personnage connu à part Dark Vador… Disney mise sur 6 millions d'entrées pour celui-là, mais je pense qu'à 4 millions, ils seront déjà contents. » À 14 heures mercredi, le film de Gareth Edwards totalisait 6 478 entrées pour 30 copies dans les cinémas parisiens, contre 16 414 pour Le Réveil de la Force à la même période.
Aux États-Unis et au Canada, Rogue One sortira le vendredi 16 décembre sur plus de 4 100 écrans. Selon les premières estimations, il devrait réaliser le deuxième meilleur démarrage de tous les temps pour un mois de décembre (derrière... Le Réveil de la Force), avec une fourchette de recettes entre 135 et 150 millions de dollars pour son premier week-end en Amérique du Nord. Le Réveil de la Force, à l'issue de son parcours en salle en 2016, avait franchi la barre des deux milliards de recettes mondiales. À voir si la fougue et l'enthousiasme des partisans de Rogue One seront suffisants pour passer au moins le pic du milliard.
«Rogue One - A Star Wars Story» s'émancipe de la saga pour un résultat bluffant
SCIENCE-FICTION Avec « Rogue One - A Star Wars Story », Gareth Edwards prend des libertés avec l'univers de la saga. Et sans rien spoiler, on peut dire qu'on est emballé !...
Rogue One- A Star Wars Story de Gareth Edwards - LucasFilm/The Walt Disney Company
De notre envoyée spéciale à San Francisco, Caroline Vié, Publié le
Rogue One - A Star Wars Story est une grande première. Jamais auparavant la saga n’avait connu de film unique (comprendre : qui n’est pas destiné à connaître une suite). Gareth Edwards donne une ampleur nouvelle à l’univers créé par George Lucas, une vraie tuerie. 20 Minutes vous explique pourquoi sans spoiler le film pour autant.
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L’histoire est à la fois nouvelle et familière
On se croirait dans une partie de Tetris réussie dont les pièces s’encastrent comme par magie. L’histoire de ces rebelles qui tentent de voler les plans de l’ Etoile de la mort trouve parfaitement sa place entre l’Episode III et l’ Episode IV de la saga.
Le film peut être vu de façon indépendante
Il est évident que les familiers de Star Wars s’amuseront davantage que ceux qui n’ont jamais entendu parler de Dark Vador. Rogue One peut cependant être pris indépendamment des autres épisodes.
Les rebelles sont aussi divers que variés
Dans les rangs des rebelles, on trouve une Anglaise (Felicity Jones), un Mexicain (Diego Luna), un Chinois ( Donnie Yen) et un Indien ( Riz Ahmed) ! Cette ouverture multiculturelle est une ode à la diversité des plus sympathiques.
L’héroïne en est vraiment une
La dimension tragique de l’héroïne incarnée par l’excellente Felicity Jones, comme ses rapports avec le savant incarné par Mads Mikkelsen, met en relief sa bravoure dans l’adversité. La partition exceptionnelle de Michael Giacchino rend l’ensemble à la fois épique et poignant.
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Le robot est génial
Que serait Star Wars sans un nouveau robot ? Celui qu’on découvre de Rogue One s’appelle K-2SO et c’est Alan Tudyk qui lui prête sa gestuelle (et sa voix en anglais). Ce dandy à l’humour sarcastique et au sale caractère est irrésistible ! Il est moins mignon que BB-8 mais on l’adopterait bien quand même.
Le méchant fait frissonner
Bien connu par les aficionados de la série Bloodline, Ben Mendelsohn entre dans le panthéon des « vilains » de Star Wars avec un charme glacé. Cet acteur australien, vu en mauvais garçon dans The Place Beyond The Pines (2013), ferait presque passer l’envie de se rebeller.
Il y a un vrai souffle
On s’attache rapidement à des héros inférieurs en nombre et en équipement face à l’Empire. Gareth Edwards a choisi des comédiens énergiques qui ne sont pas des gravures de mode mais des êtres déterminés à faire triompher leurs idéaux.
Une mise en scène époustouflante
Gareth Edwards, réalisateur deGodzilla (2014) et de Monsters (2010) a choisi de traiter son sujet comme un film de guerre à la fois sale, élégiaque et galvanisant. Il révolutionne la saga en lui appliquant son style guérilla dans des décors crasseux où il est malaisé de survivre.
Star Wars ROGUE ONE - "Une Arme Redoutable" - Spot TV VF
Des affrontements spatiaux sublimes
Là encore, Edwards a su à la fois innover et s’inscrire dans la tradition Star Wars. La fluidité des échanges spatiaux laisse le spectateur ébloui ce qui est d’autant plus remarquable qu’on croyait avoir déjà tout vu dans ce domaine. On sent la jubilation du cinéaste, authentique général de combats bluffants.
Il y a des références réjouissantes
Les fans vont craquer en repérant les petits (et gros) clins d’œil qui leur sont réservés. Apparitions plus ou moins furtives de personnages connus entre autres « blagounettes » mettent le cœur en fête jusqu’à un final aussi excitant que culotté qui donne envie de revoir l’Episode IV, là, tout de suite en sortant de la salle et sans délai !
L'Etoile de la mort dans Rogue One - A Star Wars Story - LucasFilm/Disney
Gareth Edwards : "Rogue One est différent des autres Star Wars"
PROPOS RECUEILLIS PAR PHALÈNE DE LA VALETTE Publié le | Le Point.fr
S'il admet que Lucasfilm est devenu une usine géante, le réalisateur assure avoir trouvé la clé pour rester maître à bord : "ne jamais baisser la garde".
On s'attendait à beaucoup de langue de bois. On s'attendait à un film polissé, formaté par la mécanique Disney-Lucasfilm. Gareth Edwards nous aura doublement surpris. En attendant la critique de Rogue One, dès la levée de l'embargo ce mardi à 18 heures, voici le compte rendu de notre entretien avec le réalisateur, rencontré à Londres en septembre dernier. Lucide et pragmatique, le Britannique n'a pas cherché à dissimuler son statut d'ouvrier dans la grande machinerie Star Wars. Mais n'a pas non plus renoncé à son ambition de cinéaste. Chapeau bas.
Le Point Pop : Ramenez-nous le jour où tout a commencé. Quand et pourquoi vous a-t-on choisi pour Rogue One ?
Gareth Edwards sur le tournage de Rogue One : a Star Wars story © Jonathan Olley Lucasfilm
Gareth Edwards : Je ne sais pas ! Ça n'a pas été un moment précis. J'ai reçu un e-mail disant : « Peux-tu aller visiter Lucasfilm quand tu as un moment ? Ce n'est pas pressé. » Je réponds que je ne peux pas y aller avant une semaine et ils me disent : « Oh ne t'inquiète pas, viens n'importe quand au cours de l'année. » « Ah ok, ce n'est pas très important alors… » Je suis passé à la fin de Godzilla, j'étais épuisé et j'avais juste envie de ne plus jamais faire de blockbuster ! Je n'essayais donc pas de prouver quoi que ce soit, on a simplement bavardé. Ensuite, jai reçu un autre e-mail : « Est-ce que l'une de ces choses t'intéresserait ? » Il y avait une pièce jointe qui contenait deux histoires. J'ai lu la première et je me suis dit que c'était super, mais pas pour moi. Puis j'ai lu la deuxième et, tout de suite, j'ai senti une connexion. J'ai pensé qu'ils proposaient le film à des centaines de réalisateurs qui se le disputeraient. Mais je me suis rendu compte que j'étais le seul !
Avez-vous dû faire quelque chose de précis pour obtenir le job ?
C'est marrant parce que je me suis dit la même chose que vous : « Bien sûr, ils vont me demander de faire mes preuves. » Mais en fait, la seule chose que tu fais, c'est t'asseoir et bavarder. Ils ont vu tes films, ils ont observé la façon dont tu travailles. Bon, c'est vrai, si on regarde les dates de l'annonce, on voit qu'ils ont quand même attendu la sortie de Godzilla et les premiers résultats au box-office pour trancher définitivement ! (Rires.)
Vous dites qu'en lisant l'histoire, vous avez immédiatement ressenti une connexion. Qu'est-ce qui vous a parlé ?
C'était le fait de savoir que ça rejoignait La Guerre des étoiles. Vous savez, ce n'était qu'une page, il n'y avait pas beaucoup de détails. Mais l'histoire avait déjà un grand potentiel en matière d'émotion et de souffle épique. C'était une toile blanche sur laquelle on pouvait mettre toutes les choses qu'on voulait. Star Wars est fondamentalement une histoire sur le bien et le mal. Dans ce film, le bien et le mal ne sont pas si clairs, il y a beaucoup de zones grises et on a des gens qui ont fait beaucoup de mauvaises choses en essayant de faire le bien.
L'autre histoire que Lucasfilm vous avait envoyée, c'était quoi ? Celle de Han Solo ?
Évidemment, je n'ai rien le droit de dire. Mais ce n'était pas Han Solo...
Dark Vador est un peu le bacon de Star Wars : dès qu'on le met quelque part, ça devient meilleur. Est-ce pour cela qu'il apparaît dans Rogue One ?
Ça aurait été difficile de ne pas le mettre puisque dans La Guerre des étoiles, on le voit partir à la recherche des plans. Il devait forcément figurer dans Rogue One. Le problème, c'est que quand Vador apparaît, il supplante tout et c'est difficile de s'en débarrasser ensuite, ça devient son film – ce qu'on voulait à tout prix éviter. Il fait donc une apparition à un moment clé mais… c'est comme la cerise sur le gâteau.
Dans quel espace temps Rogue One se produit-il exactement ?
Ce que je peux vous promettre, c'est qu'on ne peut pas glisser un autre film entre celui-ci et La Guerre des étoiles. Il ne peut pas y avoir de suite.
Ça doit être difficile de marcher constamment sur des œufs pour faire attention à ce qu'on dit...
L'idée que les gens demandent des détails sur les personnages d'un film qui n'est pas sorti est assez étrange. Mais on a de la chance parce que, justement, on n'a pas besoin d'en dire trop sur ce film pour attirer quand même les gens au cinéma, on peut vraiment garder le secret. Il faut simplement les rassurer sur le fait que ce sera bien un Star Wars comme on les aime.
Avec ce programme d'un Star Wars par an, Lucasfilm est en train de devenir une usine du divertissement. Comment faire en sorte que votre film ait une âme malgré tout, qu'il ne soit pas un produit de plus ?
L'usine à divertissement Star Wars peut-elle encore produire des films avec une âme ? Oui, répond Gareth Edwards. © Jonathan Olley Lucasfilm
Il faut être là tous les jours, exprimer son point de vue tous les jours, essayer de faire ce qu'on pense être juste tous les jours. Les films sont des machines ; pas seulement Star Wars, Hollywood en général. Un film comme celui-ci pourrait quasiment se faire tout seul si le réalisateur est paresseux. La clé, c'est de ne jamais baisser la garde, de toujours continuer à tenter des choses, à repousser les limites.
Si on garde l'analogie avec l'usine, je pense que le réalisateur a deux rôles principaux : se tenir à l'entrée et trier les ingrédients pour ne garder que les meilleurs ; et se tenir à la sortie pour se débarrasser de tout ce qui n'est pas bon. Il faut nourrir le film avec toutes les bonnes idées qu'on peut avoir et faire en sorte qu'il n'avale rien de mauvais. Ce qu'on essaye, ce que j'essaye, c'est de garder les choses qui visuellement et thématiquement me font frissonner, d'encourager constamment ce genre de choses, de les pousser jusqu'au bout. Mais il faut aussi écouter les retours des autres et rester ouvert d'esprit. Un Star Wars n'est pas un film d'auteur qu'on fait juste pour soi, c'est un sport d'équipe. Si on fait bien son travail, c'est un film qui plaît au monde entier.
On a l'impression d'être des soldats qui reviennent de guerre et qui n'ont pas besoin de se parler pour se comprendre
C'est une frontière difficile mais je suis très fier parce que Rogue One a une touche personnelle, quelque chose qui ne correspond pas au blockbuster habituel. Il a une profondeur, un poids. L'autre jour, je devais valider des scènes en 3D, il n'y avait pas le son, juste les images et, malgré tout, je suis entré en immersion parce que les acteurs jouent bien, parce que c'est filmé d'une certaine façon. On est un peu différent des autres Star Wars. J'espère que les gens y seront sensibles.
Quels critères avez-vous établi pour faire le tri entre ce que vous vouliez et ce que ne vouliez pas dans ce film ?
Le premier jour, ils te disent : « Qu'est-ce que tu veux ? » Et tu arrives avec cet énorme sac de fanboy ! Et puis, peu à peu, tu élimines tout ou presque. Les choses qui sont dans Rogue One ont leur place dans l'histoire, il ne s'agit pas de simples clins d'œil pour faire plaisir aux fans. On voulait éviter de donner l'impression que cet univers est petit : ça ne peut pas être une galaxie lointaine si tout le monde se croise tout le temps ! Il fallait respecter l'échelle de ce monde.
Avez-vous eu l'occasion d'échanger avec les autres réalisateurs de Star Wars? Y a-t-il une synergie entre vous ?
"On a un peu l'impression parfois d'être des soldats qui reviennent de la guerre et qui n'ont même pas besoin de parler : ils se regardent et se comprennent." © Lucasfilm
Nous nous sommes tous rencontrés pour bavarder. C'est un petit club ! Il y a toute cette pression, ces questions politiques inévitables quand on fait un film de cette taille et on ne peut en parler à personne. Alors, quand on rencontre un autre réalisateur de Star Wars, on peut fermer la porte et tout se dire. C'est comme une thérapie ! Bien sûr, c'est un privilège de faire ce qu'on fait, mais on a un peu l'impression parfois d'être des soldats qui reviennent de la guerre et qui n'ont même pas besoin de parler : ils se regardent et se comprennent. Quand je vois mes camarades, je sais ce qu'ils ont vécu. Il y a très peu de gens dan