Claude Barzotti "Je renais à la vie"
Malgré le mauvais sort qui s'est acharné sur lui pendant de nombreuses années, Claude BARZOTTI a prouvé qu'avec un moral d'acier, on pouvait remporter tous les combats.
Sur son succès, ses plus belles rencontres, mais aussi ses démons et sa victoire contre l'alcool, le chanteur nous dit tout ...
Vous avez une vie incroyable. En 1982, le 4 octobre, pour être précis, vous sortez votre premier disque sur le marché français, "Madame", qui s'arrache à plus de 800.000 exemplaires. Depuis, vous avez vendu des millions de disques. Vos concerts se jouent toujours, après vingt ans de scène, à guichets fermés dans de nombreux pays francophones. Bref, une carrière bien remplie, non ?
J'ai fait de très belles rencontres artistiques et humaines. Il m'est impossible de tout vous raconter.
Michel Drucker, en 1983, pour l'émission "Champs Elysées". Il m'a donné ma chance. Tout a démarré à partir de ce moment. A cet instant, j'ai commencé à vendre 5 à 10.000 disques par jour. Céline Dion aussi. Une femme remarquable. Mathilde Seigner, merveilleuse de gentillesse. Et son complice dans le film dans le film "Camping", Franck Dubosc. Un garçon hyper-sympa. Tina Arena, la star australienne qui a chanté à l'ouverture des J.O. en 2000. Alain Delon, qui m'a félicité pour mes chansons en m'avouant qu'il aime mon travail. Il adore "Aime-moi".
Elio Di Rupo m'a beaucoup marqué par sa gentillesse et sa culture. Je suis apolitique, mais humainement, c'est un homme exceptionnel. Lorsque je travaillais chez VOGUE en 1983, personne ne voulait de moi. Ni en télé ni en radio. Ces mêmes personnes, plus tard, ont trouvé que j'avais une voix exceptionnelle. Je n'en tiens pas rigueur, même si ça m'a blessé. Je ne suis pas rancunier...
Vous avez combattu les problèmes qui s'abattaient sur vous, comme le décès de votre maman, celui de votre papa, votre divorce. Une vie entre l'enfer de la vie et le paradis artistique ...
Je n'ai jamais été divorcé puisque je ne me suis pas marié. Remarquez, ça ne m'a pas empêché d'avoir deux filles exeptionnelles. Ensuite, j'ai eu deux malheurs terribles. Le décès de mon père en 2000 et celui de maman en 2004. Il m'arrive encore inconsciemment de faire leur numéro de téléphone. Je vénère mes parents, car c'étaient des gens formidables. C'est difficile de refaire surface après un deuil. C'est dur à gérer. Mais le soutien de mes proches et de mes amis m'a aidé.
Sans oublier les plaintes pour plagiat et viol. A chaque fois, vous avez été blanchi. Par moments, vous deviez penser que le sort s'acharnait sur vous ?
Je n'ai jamais caché avoir connu beaucoup de femmes. Bref, j'ai été éclaboussé dans les journaux par une femme. J'ai été blanchi, mais le mal était fait. Ce genre de chose est toujours une question d'argent.
Vous avez déjà vu une très belle femme au bras d'un homme âgé qui est au chômage? Jamais ! Par contre, un homme riche de 70 ans au bras d'une jolie femme n'est pas rare. J'ai été maçon dans le temps. Eh bien, pour séduire une femme, c'est plus facile d'avoir un micro en main qu'une truelle...
Maintenant, l'histoire de plagiat que j'ai gagnée au Tribunal, je m'en fous. Ce qui m'a fait le plus de mal, c'est l'accusation de cette femme. Cette cicatrice ne se refermera jamais. D'ailleurs, lorsque je vois un film avec une femme qui se fait violer, je zappe. C'est comme un traumatisme !
Vous ne vous êtes jamais dit : "Je suis né sous une bonne étoile, mais elle ne brille pas "?
Jamais. J'estime que je n'ai pas le droit de me plaindre. Regardez autour de vous. Les gens travaillent dur pour gagner leur vie. Pour nourrir leur famille. Et moi, je devrais faire pleurer dans les chaumières ! Non, j'ai connu des hauts et des bas, comme tout le monde. Il m'est arrivé de ne plus chanter durant une année. Les frères Céli ont entendu une chanson de moi, "Le pauvre vieux", et d'emblée, ils sont tombés sous le charme. Avant cela, j'ai fait plein de petits boulots pour des salaires de misère. Donc, je tire mon chapeau aux gens qui, quotidiennement, se battent pour leur famille.
"SI JE N'AVAIS PAS EU DE CONCERTS, JE ME SERAIS FLINGUE"
Vous avez aussi remporté une belle victoire sur votre dépendance à l'alcool ...
Ca a été difficile, mais aujourd'hui, ça va . D'ailleurs, mon prochain s'intitule "JE REVIENS D'UN VOYAGE". (Il commence à chanter.) "J'ai jeté mes bouteilles à la mer. Je ne veux plus jamais voir les rivages, les pièges empoisonnés de l'enfer.........." J'ai écrit ce texte avec Anne-Marie Gaspard suite à mon combat contre l'alcool.
Comment êtes-vous devenu accro à l'alcool ?
Le sort ne m'a pas épargné à un moment donné. tout m'est tombé dessus d'un coup. La mort de mes parents. Ensuite, le décès de mon meilleur ami. Mon frère a été opéré de la prostate. Bref, je croyais que le monde s'écroulait sur moi. C'était une période difficile. Etant solitaire de nature, j'ai tenté de me battre seul, mais c'était un combat inégal. Il faut être entouré. Malgré tout, ma chance a été ma détermination. C'est bien connu : les coups durs forgent le caractère.
Quel fut le déclic ?
Ma famille, mes enfants. Je ne peux pas supporter leur regard de me voir sombrer. Leur amour m'a beaucoup aidé. Donc, pour eux et pour moi, j'ai commencé à lui poser des soucis à cette maladie. Je l'ai combattue. J'ai pris mon courage à deux mains. Bon, il y a encore des hauts et des bas parfois, mais elle a dû céder du terrain ! J'ai bu mon premier verre à 33 ans. C'est un peu comme beaucoup de sportifs de haut niveau qui, après leur carrière, connaissent des excès à cause de leurs privations de jadis. L'écriture aussi a été une échappatoire. Je peux y consacrer des heures. C'est souvent quand on touche le fond qu'on écrit les plus belles chansons...
Mais où puisez-vous votre courage et votre détermination?
La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Vous avez du succès, des ennuis, des soucis, des joies. Moi, j'ai eu beaucoup, un peu de tout, mais j'ai toujours assumé et combattu les mensonges et mes démons. Je reçois tellement de gentilles lettres que j'ai relevé le défi de ne plus jamais boire avant de monter sur scène. Par respect pour mon public, qui paie pour me voir. Je fais 200 galas par an. Parfois, deux le même jour. Je me dois d'être en forme. Pour moi, pour mes fans et pour les gens qui me font confiance. Aujourd'hui, un nouveau châpitre de ma vie a commencé.
Vos fans vous ont certainement manifesté leur attachement...
Oui, beaucoup. Je reçois énormément de courrier. Le public, qui m'est resté fidèle, m'a beaucoup aidé. Ca donne chaud au coeur. Si je n'avais pas eu de concerts, je me serais flingué. Sans oublier l'amour de mes enfants. Je veux les rendre heureux. Ca m'a donné une pêche d'enfer. J'ai fait dix cures. Mais à un moment, je me suis dit : "Claude, qu'est-ce que tu fais ici ? Ce n'est pas ta place ! Relève-toi." J'ai signé une décharge et je suis parti de l'hôpital la tête haute, avec l'envie de me battre et d'écrire à nouveau des chansons. Et j'en suis heureux. Aujourd'hui, je bosse sans arrêt. Je fais bientôt le Zénith. Une semaine avec la tournée "Age tendre et têtes de bois" et ensuite les 19 et 20 janvier, je serai à l'Olympia.
Aujourd'hui, comment vous sentez-vous ?
Je suis content d'avoir fini mon dernier album. Il sortira bientôt. Je porte un regard heureux sur le passé. En démarrant ma carrière, je bossais dans un bal pour la somme de 17 euros, pour 5 heures de prestations ! Et deux à trois fois par semaine, je devais faire du stop pour aller répéter à La Louvière. J'habitais Court-Saint-Etienne. J'ai travaillé comme un mécanicien de vélos. Bref, j'ai fait tous les métiers du monde avant de vivre de ma passion. Je n'ai qu'un regard finalement, celui d'un homme chanceux ...
Vous avez chanté les plus belles chansons d'amour. Vous n'éprouvez pas le besoin de changer de répertoire?
Je n'en suis pas capable. Je ne sais pas écrire sur commande. Pour les textes, c'est Anne-Marie Gaspard, elle me comprend à fond. Pour la musique, je me débrouille seul. J'ai besoin de discuter avec la personne, de sentir sa sincérité. C'est très important pour moi. Ca doit être vrai. On m'a déjà demandé si mon coeur m'avait trahi. Je me suis fait souvent piéger, mais c'est ainsi. Je n'arriverai jamais à le bétonner. Et puis à mes yeux, ce n'est pas un défaut .
Que peut-on vous souhaiter pour l'avenir ?
De rester heureux. Que le public continue à me suivre encore des années. Et que mes démons soient bel et bien enterrés. A tout jamais .